Madame la Présidente, Mes chers collègues,
« C'est une triste chose de songer que la nature parle et que le genre humain n'écoute pas » disait en 1870 Victor Hugo.
Cent cinquante ans plus tard, nous assistons à la sixième extinction des espèces, avec une rapidité inégalée dans l’histoire de humanité.
Un million d’espèces pourrait disparaître dans les prochaines années. Rapports après rapports, la crise sans précédent de la biodiversité se confirme et s’accélère.
Dans un même temps, le réchauffement climatique s’amplifie aussi avec notamment une multiplication des phénomènes extrêmes.
Le réchauffement climatique et l’effondrement de la biodiversité sont indissociables. D’ailleurs les violences faites à l’environnement sont semblables à la violence faite au peuple et aux plus fragiles.
Je dis cela parce que l’on entend parfois cette objection banale « avant de s’occuper de la biodiversité, il faudrait d’abord songer aux hommes ».
D’abord, comme le disait Lamartine « on n’a pas deux cœurs, l’un pour l’Homme, l’autre pour l’animal... on a un cœur ou on n’en a pas ! »
Aussi parce que chez ces gens là, ce n’est pas l’un ou l’autre, mais bien souvent ni l’un ni l’autre.
Surtout parce que c’est la même cause qui est en jeu, c’est le même logiciel qui est à l’œuvre : l’activité humaine et les profits justifient que l’on fasse n’importe quoi.
Que l’on puisse :
Piller la terre jusqu’à la dernière goutte et la rendre invivable.
Sacrifier la biodiversité, détruire les habitats, ou s’opposer à sa protection ou à sa restauration.
Exploiter les hommes et spolier les peuples.
Nous avons passé quelques siècles à comprendre que la terre n’est pas le centre de l’univers.
Il nous faut encore faire quelques efforts pour admettre que l’Homme n’est pas non plus au « centre » et que l’anthropocentrisme est une conception dépassée.
Au-delà du consensus politique que nous construisons sur l’urgence à agir, la question qui nous est posée est bien de changer de modèle, de changer de logiciel.
Dans ce contexte sombre, nous avons les cartes en main et chacun doit agir. La Région prend sa part et comme l’a rappelé Veronique Vinet, la Stratégie Régionale pour la Biodiversité que nous votons aujourd’hui est une nouvelle étape prometteuse.
Elle doit nous permettre, elle doit obliger à réfléchir et à agir différemment, globalement, transversalement.
J’ai commencé mon intervention avec Victor Hugo. Je citerai pour terminer quelqu’un qui vous est probablement moins familier : il s’agit de Ian Mac Milan. C’était un ornithologue américain qui
défendait le condor, ce gros rapace que l’on
trouve notamment sur le sol américain. Et Ian Mac Milan, c’était il y a cent cinquante ans aussi, avait ces mots particulièrement contemporains :
« Ce qui est important dans la défense du condor, ce n’est pas tant le condor lui-même. Ce qui est important, c’est de développer les qualités humaines nécessaires à sa sauvegarde, car nous avons besoin de ces qualités pour nous sauver nous-mêmes ».