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Budget 2021 - Intervention Christian DUPRAZ - AP 17 décembre 2020

Nous vivons une crise inédite, totalement imprévue l’an dernier à la même date. Tout s’est précipité de manière imprévisible, et il a fallu beaucoup de réactivité et d’inventivité pour faire face, dans un contexte toujours mouvant. Nous nous félicitons que notre région ait eu l’audace de ses ambitions, et parfois su braver les interdits. Voilà que nous intervenons fortement dans des domaines sinistrés tels que l’économie ou la culture. Mais nous n’avons pas vocation à nous substituer en permanence aux défaillances de l'Etat, et nous n’avons pas sa capacité à creuser les déficits, cela nous est interdit par la loi.

C’est pourquoi je qualifierai le budget régional 2021 que nous allons voter aujourd’hui de courageux, solidaire avec ceux qui souffrent de la crise sanitaire et économique, réaliste et finalement économe des deniers des citoyens. Notre région passe effectivement à 457 M€ d'emprunt net. Mais heureusement, nous sommes une Région bien gérée, ce qui évite une explosion de notre capacité de désendettement.

Mais cette crise doit aussi ensuite, une fois qu'elle sera passée, nous mener sur le chemin d’une autre logique . il nous faudra apprendre la sobriété, oui, ce n’est pas que pour les autres ou les citoyens. Nous devrons chercher un impact multiplicatif des aides régionales, et pour cela généraliser les avances remboursables, et arrêter les subventions nettes. Et surtout, nous devrons définitivement cibler des projets écologiques et arrêter toute aide aux projets écocides...

 

Revenons au détail de ce budget 2021. Serait-il devenu caméléon ? Changerait il de couleur à l’approche des élections? Certains signaux sont très positifs, d’autres moins enthousiasmants, car vous savez notre exigence d’exemplarité.

 

Pour le chapitre sur l’action économique, nous sommes très satisfaits du soutien sans faille à l’ESS. Par contre, nos réserves sont fortes pour certains soutiens aux activités exportatrices qui vont concurrencer, au moins pour les aides de la région, toutes les activités en circuit court, local, responsable. Exporter c’est parfois bien, mais moins importer c’est mieux, surtout quand on importe des biens qui peuvent être produits chez nous. L’argent de la région doit en priorité être fléché sur ces relocalisations chez nous, et ce n’est pas suffisamment affiché dans ce chapitre.

 

Pour le chapitre sur l’aménagement du territoire, nous sommes très favorables à certaines initiatives que nous avons portées, telle la foncière agricole pour aider l’installation de nos jeunes, ou la foncière FOCCAL pour redynamiser l’activité commerciale et artisanale dans nos centre-bourgs. Nous sommes plus réticents sur certains opérateurs tels que la Foncière ERC. Si on évitait d’abord les impacts, avant de les compenser ? Faut-il créer toutes ces filiales ? Nous nous interrogeons.

 

Pour le chapitre sur les transports, le volontarisme de la région en faveur des transports collectifs, des mobilités douces et de l’intermodalité reste un motif de fierté. Nous n’avons pas trahi l’esprit des EGRIMs, et je peux même dire que nous allons plus loin que ce que les EGRIMs avaient imaginé, il y a 5 ans. A l’heure où l’enquête publique sur la ligne nouvelle Montpellier-Béziers est annoncée, j’émets le vœu que ce premier tronçon soit réalisé jusqu’à Narbonne, car cela bénéficierait sans tarder à la liaison entre nos deux métropoles régionales. Ne serait-il pas possible d’ajouter les 25 km manquants au premier phasage de ce projet ?

 

Notre groupe politique propose à votre appréciation 10 amendements pour améliorer et verdir un peu plus ce budget. Vous ne serez pas étonnés que nous vous proposions, comme chaque année, de ne pas soutenir financièrement certaines grandes infrastructures. Nous vous proposons de ne pas inscrire le GPSO dans nos priorités budgétaires (amendement 43), de privilégier en matière routière l’aménagement de l’existant, seule solution pour vraiment arrêter l’artificialisation des sols , et cela concerne en particulier l’autoroute Castres-Toulouse (amendement 44) et de réserver nos financements en faveur des aéroports aux stricts travaux de sécurité (amendement 45). Nous ne souhaitons pas que la région soutienne la demande de ligne aérienne Carcassonne-Paris, même si le trajet alternatif par voie terrestre dépasse les 2h30 lamentablement retenus dans la loi climat en préparation suite à la convention citoyenne sur le climat. La convention proposait un délai de 4 heures. Faudrait il ouvrir des aéroports et des lignes aériennes vers Paris dans toutes les villes situées à plus de 2h30 en train de Paris ? Ce serait une folie.

 

Nous vous proposons également de stopper l’externalisation des prestations de chauffage de nos lycées, qui ont montré leur inefficacité budgétaire (amendement 49), d’être vigilant aux nuisances sonores autour des infrastructures sportives (amendement 48), de limiter nos aides à la chasse aux actions menées par les chasseurs en faveur de la biodiversité (amendement 50), et de mettre la priorité sur les aides au tourisme vraiment durable (amendement 51). Nous proposons enfin deux amendements qui concernent la gestion de l’eau, notamment afin que la conception des projets d’irrigation agricole soit participative et la gouvernance partagée, pour éviter de nouveaux drames tels que celui de Sivens (amendement 47), ou pour distinguer les activités ingénierie et d’exploitation des réseaux par la CACG (amendement 46).

 

Enfin nous souhaitons une rédaction plus volontariste sur la transition de notre économie vers un modèle plus durable. C’est le sens de notre premier amendement (amendement 42), votre rédaction initiale parlant de perspective à long terme, nous préférons ne pas attendre… que la planète brûle.

 

Ce dernier budget de la mandature est à notre sens trop dans la continuité des précédents. La vraie rupture écologique n’est pas encore là. Il faudra du courage et de la détermination aux futurs élus régionaux pour la mettre en oeuvre à partir de 2022.

 

Pour ces raisons, notre groupe politique a demandé un vote par division pour chaque chapitre de ce budget, afin d’exprimer notre insatisfaction sur certains chapitres insuffisamment vertueux à notre sens, mais aussi notre approbation pour de nombreux chapitres de qualité. Nous voterons bien évidemment le projet budget général 2021 auquel nous avons contribué très significativement, même si nous n’avons pas encore su vous convaincre sur certains dossiers délicats que j’ai cité.