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Pour une autre PAC (voeu adopté) - AP du 19 novembre 2020

Le 23 octobre 2020, le Parlement européen a adopté sa position sur la prochaine Politique agricole commune (PAC). La PAC ainsi adoptée par le Parlement Européen est dans la continuité des précédentes ; elle ne répond pas aux attentes des paysans, des consommateurs, des citoyens et n’affiche pas une ambition suffisante pour développer de véritables mesures agroécologiques, promouvoir les circuits courts etc.

 La PAC proposée par le Parlement Européen est en contradiction avec les objectifs fixés dans le Green Deal (Pacte Vert) et dans ses stratégies Farm 2 Fork et Biodiversité. Elle ne répond pas aux alarmes des scientifiques, des paysans et de la « génération climat », elle continuera à détruire la biodiversité et ne permettra pas de réussir l’indispensable transition agroécologique. Au-delà, elle aura des conséquences sociales et écologiques puisque, à titre d’exemple, les mécanismes visant une distribution plus juste des aides comme la revalorisation du paiement redistributif, un plafonnement efficace, le soutien à la main d’œuvre etc. ont tous été rejetés !

 

Cette version de la PAC ne conduira donc qu’à accélérer la crise que connait le monde agricole qui depuis 30 ans a vu le nombre de paysans réduit de moitié, à ce qu’un tiers d’entre eux vivent avec 350€ par mois ; une PAC qui a participé à l’extinction de 70% des insectes et 40% des oiseaux.

Deuxième région agricole française avec près de 70 000 exploitants agricoles, la Région Occitanie développe une politique ambitieuse pour valoriser son agriculture, 1er secteur économique régional.

 

Considérant les politiques mises en place par la Région Occitanie comme le Pacte régional pour une alimentation durable et l’Acte 1 du Green New Deal ;

Considérant le besoin d’une agriculture répondant aux besoins des consommateurs, des paysans, du climat et de la biodiversité ;

Considérant que le modèle agricole intensif actuel entraîne l’usage d’intrants chimiques et de produits phytosanitaires de synthèse, avec des conséquences néfastes pour la santé des consommateurs et des agriculteurs ;

Considérant qu’à l’échelle de l’Occitanie, il est indispensable que les politiques européennes soient à nos côtés pour mener une politique locale favorable à l’emploi agricole ;

Considérant la fragilité de notre modèle alimentaire constatée durant la crise du COVID-19, et le changement radical des comportements de consommation de nos concitoyens, qui se tournent de manière croissante vers la production biologique, la vente directe et les circuits courts ;

Considérant les engagements pris par la Région Occitanie en faveur de la relocalisation de l’alimentation et du développement des circuits courts

Considérant que le modèle d’agriculture intensive est à l’origine d’une perte conséquente de biodiversité, et que la Cour des comptes européenne juge que l’impact de la PAC sur la protection de la biodiversité est négatif, limité ou nul, alors même que 77% des dépenses européennes en la matière proviennent de la PAC ;

Considérant que l’agriculture, malgré les efforts accomplis depuis 1990 par le secteur au niveau européen, est toujours le deuxième en matière d’émissions de gaz à effets de serre en France, où il représente 20% du total national ;

Considérant que les nouvelles orientations prises dans le second pilier de la PAC rendront impossible de dépasser l’opposition entre urbain et rural, alors que le développement d’une ruralité nouvelle, bâtie en harmonie avec l’urbain est une nécessité qui doit permettre de redonner vie à des petites agglomérations aujourd’hui vidée de leurs habitants au profit des centres urbains ;

 

Le Conseil Régional d’Occitanie, réunis en Assemblée Plénière :

*S’engage à agir aux côtés des Régions européennes pour une Politique Agricole Commune durable pour le climat et la biodiversité, juste et solidaire pour les paysans et pour que la position des Régions soient entendues dans le cadre des négociations de trilogue ;

*Demande à la Présidente de la Commission Européenne, Ursula von der Leyen, d’intervenir dans les semaines qui viennent afin d’amender sa propre proposition de PAC, comme le droit l’y autorise, afin de mettre notamment en cohérence la future Politique Agricole Commune avec le Green Deal européen ;

*S’engage à interpeller le Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation et le Président de la République, pour leur faire part des difficultés des territoires à dynamiser l’agriculture biologique et agroécologique locale, sans qu’une modification significative de la PAC ne soit apportée en ce sens.